2013, SHANGHAI, CHINE
Rédaction en français : Wen Qian ZUH, coécrit avec Cédric THOMAS

 

 

 

 

Concept de "Slow Life Style"

Le "Slow Life Style" , la vie lente, commence en Europe dans les années 80 et est issu du mouvement du "Slow Food". Les gens ont commencé à réfléchir à leurs propres vies et ont développé une série de mode de vie "slow".
Le concept de "Slow Life" partage les mêmes valeurs avec celui du "LOHAS" et de ceux provenant des courants écologiques. Il s’agit d’une réflexion de remise en question de notre manière de vivre, dans le contexte de l’esprit de "l’accélération", développée dans la société de la fin du XXe siècle, et du mercantilisme, lié au capitalisme néolibéral. Le "Slow Life Style" est pleinement lié au retour et à la recherche de sa propre nature, à la réappropriation ce qu’on est, de son état d’être humain, avec pour objectif la qualité de la vie, l'équilibre de la vie et de l’esprit et enfin le recentrage de ses préoccupations principales sur la Nature et la culture traditionnelle locale.

Pour la plupart des chinois contemporains, son temps est aussi important que l’argent, la "Slow Life" n’est pas pour eux, néanmoins, cela ne veut pas dire qu’ils ne pourraient pas y trouver un intérêt. Il est important de préciser que le "Slow Life Style" ce n’est pas être fainéant. La "Slow Life" est une attitude, une façon de vivre, un concept lié à des valeurs et un grand respect de soi-même. La propagation du concept du "Slow Life Style", par essence, est de guider les gens à renforcer leurs esprits et leurs cultures.

Chaque personne a le droit au respect de ce qu’il est et à une vie digne. Le "Slow Life Style" permet de recentrer la vie autour de sois. La Chine est un pays qui à une évolution, dans de très nombreux domaine, très rapide et de plus en plus rapide, cette précipitation risque fortement de la perdre. Les personnes commencent à interroger le fait d’une Chine qui pourrait ralentir son accélération, voire évoluer différemment, avec des espaces équilibrés, justes, permettant le "vivre ensemble" à travers la mixité sociale et programmatique.

 

 

Le "Slow Life Style" en France

Le "Slow Life Style" en France n’est pas si répandu que ce que les Chinois pourrait le croire. Il existe culturellement, comme en Chine, mais est écrasé dans une société qui craint la lenteur. Les vacances sont des instants qui pourraient êtres assimilés au "Slow Life Style", mais à la vérité, elles sont un business très rentable où la vitesse est partout. Les vacances se consomment rapidement pour vite retourner à une vie active faite de consommation. Les villes, elles, sont des lieux où la détente est difficile à trouver ou seulement ponctuellement dans le temps et dans l’espace. Elles sont pourtant des lieux de vies, mais ressemblent de plus en plus à des espaces de consommation rapides, de travail sous tension, de circulations automobiles à outrances et de bruits qui ne s’arrêtent jamais. La France elle aussi est à la recherche de concept "Slow Life Style", à la différence d’avec la Chine, elle est peut-être plus avancée sur ces questions, mais n’a toujours pas de réponse applicable et pertinente.

 

 

Quelques propositions pour Xuhui Quartier "Slow Life", en Chine

La propagation du concept du quartier "Slow Life" serait très pertinente pour le développement et les besoins de l’esprit dans nos vies contemporaine souvent lié à l’urbanité. À Shanghai, comme à Pékin, il existe une certaine impatience, un besoin de rapidité, qui finit par ne pas faire attention au patrimoine culturel. Les qualités de l’espace urbain de Shanghai reste à découvrir. Les enjeux sont de revitaliser le quartier historique shanghaien, en injectant de nouvelles idéologies et esprits qui mettent en avant le respect de soi avec une affinité liée à l’environnement.

Xuhui, est situé au centre de Shanghai dans l’ancienne concession française, c’est un grand quartier riche en histoire et en culture, qui possède un patrimoine historique en bon état et de bonne base pour intégrer des équipements culturels. De nombreux personnages historiques célèbres liés à la culture ont vécu dans ce quartier. Des hauts lieux de la culture y existent, à travers des théâtres et des Opéras traditionnels Chinois. Tous cela créent une atmosphère culturelle artistique et de sciences humaines très riches. À la suite d’une visite pendant l’été 2012 à Shanghai et lors d’une promenade dans les quartiers historiques, culturels et très architecturaux, de la Rue Hengshan, la Rue Urumqi à la Rue Wukang, nous avons trouvé des gens qui font de plus en plus attention à la qualité de leurs vies psychiques, spirituelles et intellectuelles, avec de bon savoir-vivre.

En ce qui concerne un quartier "Slow Life", en ce lieu, il nous semble, tout d'abord qu’il ne faut pas se détacher de la vie du quartier, c'est tout simplement un endroit où les gens veulent vivre et sont prêts à rester pour profiter de la qualité d’une vie lente et meilleure. La restauration du quartier historique permettrait de créer une dynamique, pour développer de bonnes conditions de vies et pour intégrer des espaces urbains original, avec des modes de vie sains et de bon rythme et d'utilisation quotidienne de la technologie moderne.

 

 

La qualité du "Slow Life" est étroitement liée à l’environnement urbain. Comme dans toutes les grandes villes Chinoises, Shanghai subit des pollutions de l’air et sonore très élevées. Le projet produirait un quartier frais et calme avec une ambiance plutôt intime, avec une échelle urbaine raisonnable, pouvant inviter les gens à sortir et à vivre à l’extérieur.

Avec :

De l’air frais :
Protéger la végétation existante du quartier, développer les jardins sur toit et sur terrasses, améliorer la qualité de l’air, créer des lieux ventilés, mais aussi créer des espaces couverts et de la verdure naturelle non contrôlée.

De l’eau propre et potable :
Mettre en place un système écologique de traitement des eaux usées et de recyclage des eaux de pluies.

Des rues calmes :
Il faut contrôler le bruit urbain, réduire le trafic, augmenter les points de location de vélos, remplacer les véhicules motorisé par des vélos et des véhicules électriques. Créer des événements urbains permettant de faire ralentir la vitesse des véhicules ("l’International Slow City Association" conseille de ne pas dépasser 20 kilomètres par heure en ville). Un contrôle plus strict de l’utilisation des klaxons. Séparer les voies des différents types de véhicules d’avec les voies piétonnes et créer plus d’espace vert pour piéton.

Des vues agréables :
Il faut contrôler les panneaux publicitaires, d’affichages urbains et les enseignes avec leur éclairage néon, tout en gardant et mettant en valeur la nature des matériaux nobles. Il faut garder le caractère original des bâtiments historiques tout en les réhabilitant et respecter l’échelle humaine dans l’urbanité. Il faut mettre en place un système d’éclairage public avec un contrôle de la lumière par radar la nuit, pour des raisons d’économies d’énergie et de qualité d’ambiance. La lumière pourrait augmenter en puissance lorsque des personnes passeraient devant et s’affaiblirait lorsqu’il n’y a plus personne, ce qui donnerait un sentiment de sécurité.

 


La qualité d’un quartier "Slow Life" est liée également à l’ambiance spatiale, aux émotions et à la culture. La forme des activités du quartier devrait être en adéquation avec le concept “Slow”.

Voici quelques exemples qui pourraient apporter beaucoup de richesse :

Des magasins d’alimentation biologique :
Faire attention à l’origine de la nourriture, soutenir l’agriculture pour créer une relation d’équilibre avec la Nature et la fabrication de produits moins polluante. Manger doit être une action dont l’être humain prend l’énergie de la Nature, sans la gaspiller.
Un mode alimentaire sain opposé aux “fast-food” et à la malbouffe.

Un centre de Slow Sport :
Comme le Yoga, le Taïchi, la calligraphie chinoise... des sports lents où l’on ne recherche pas l’épuisement, mais pour réguler les rythmes et s’adapter l’harmonie du corps. Des sports liés à la culture traditionnelle où l’objectif n’est pas de maigrir, mais de découvrir les anciennes philosophies et le retour à l’essentiel et à la Nature.

Des magasins de meubles d'occasion "vintage" :
Dans notre époque de consommation à la croissance infinie dans un monde fini, c’est le moment de réfléchir à la réduction tant de nos déchets que de nos consommations inutiles. Le recyclage, le partage, la possibilité de réparer ce qui est en mauvais état de fonctionnement, tout en oubliant pas de trouver et de développer un mode de financement, juste et honnête, de la recherche, dans le seul dessein d’améliorer l’existence sur cette terre, tout en étant en harmonie avec la Nature. Ce n’est pas consommer mieux, c’est vivre autrement.

Des ateliers Slow Design :
Des réalisations d’objets design avec une réflexion juste, adapté à l’humain et à la Nature, pour mettre en valeur la vie au lieu de la fantaisie, en se concentrant sur des matériaux naturels, nobles, et pour encourager de nouvelles technologies liées à l’environnement.

Des espaces de travail indépendant :
Des personnes pourraient lancer leurs propres entreprises, non pas pour trouver une rentabilité mais pour l’échange de savoir faire et développer le partage. Ce serait des espaces qui permettraient le retour à un artisanat fait de passionnés qui travaillent pour eux et pour les autres.

Des librairies et des lieux de culture :
Lire un livre permet de se ressourcer et de ralentir son rythme de vie. En Chine, aujourd’hui, les librairies sont remplies des “best-sellers” populaires à la mode “fast-food”. Une proposition de librairies tournée vers la culture et les philosophies de vies serait pertinente et utile, pour offrir la possibilité de redécouvrir leur place dans ce monde. Les œuvres des grands écrivains locaux sont très riches, comme Ba Jin, Lao She et bien d’autres…

Des salons de thés et des cafés combinés avec des librairies ou des échoppes de design :
Ce serait là des lieux de rencontres et d’échanges où le débat d’idées serait possible.

Des ateliers d'artistes contemporains lié à des espaces d'exposition :
La réflexion sur la vie qu’ont les artistes, tant dans leur propre vie que dans leur travail, améliore l’ambiance d’un quartier, développe une ambiance créative et ouvre l’esprit sur d’autres façon de faire et de penser.

Des écoles “Slow” :
L’éducation conventionnelle en chine, aujourd’hui, est une éducation de masse, des usines à apprendre dans des délais précis et limités. L’école “Slow" revendiquerait un mode d’enseignement avec moins de concurrence, opposé à un bachotage systématique, mais se concentrant sur le développement de chaque personnalité pour que chacun trouve un équilibre et un plaisir à l’apprentissage. L’école aurait de petites classes, avec moins d’élèves, où chaque élève aurait accès à un savoir à la fois tourné vers la Nature que vers les sciences et l'écologie.

 

 

Le quartier n'appartiendrait pas seulement aux personnes qui vivent sur place, mais aussi à tous ceux qui passeraient ou viendraient dans ce lieu. Les vraies conditions et scénarios de vies qui existeraient sur place créeraient un charme naturel, doux et juste, avec une atmosphère “Slow” qui pourrait contaminer tous les visiteurs et produirait une sérénité. Une partie du financement de ce site pourrait venir du tourisme ce qui permettrait de promouvoir cette manière de vivre ensemble.

Les valeurs fondamentales revendiquées par le quartier "Slow Life" sont la vie saine, le retour à la Nature et à la vraie nature humaine, avec des liens forts aux corps et à l’esprit en adéquation avec l’environnement. Ce quartier pourrait encourager les investissements personnels, du temps par exemple. Il posséderait une vision sur le développement durable, avec des technologies et des énergies naturelles à faible ou sans émission de carbone.
Il y a des sujets primordiaux à étudier et à développer : comment combiner les panneaux photovoltaïques avec les bâtiments historiques sans détruire leurs caractéristiques originales, ou, comment intégrer l’isolation thermique passive aux façades extérieures des bâtiments historiques.

La culture traditionnelle est considérée comme une valeur ajoutée importante dans ce quartier. Le développement des savoirs faire et techniques locales est à mettre en avant, à l’opposé de l’universalisation des cultures et l’aplanissement des savoirs. L’idée serait de créer une ambiance qui permet de redécouvrir et de protéger la culture traditionnelle chinoise tout en transformant ce quartier en une vitrine de nouvelles technologies et de cette richesse culturelle. Ce paradoxe est ultime enjeu à surmonter.

 

 

En conclusion ce texte qui fut proposé en mai 2013 à la Mairie de Shanghai et qui n’est pas une traduction littérale de l’original, mais qu’une réflexion non exhaustive de ce que pourrait être un morceau de ville du futur, avec un possible vivre ensemble. Comment pourrons-nous réhabiliter la ville pour faire face aux formidables enjeux du futur. Ce texte n’est qu’une étape dans une réflexion plus longue et vaste, de travail solitaire et en groupe.

 

 

| © WEN QIAN ZHU |